ARTICLE : A HUNDRED ELEVEN MAG – The emerging artist magazine (NEW YORK – February 2018).



“Ce désir impossible de revenir à un temps d’avant le temps, à un monde d’avant le monde”, par Julien Miavril ( mai 2019)
J’ai le grand plaisir de vous partager ici un texte de Julien Miavril, auteur de l’invisible, poète à ses heures gagnées et Maître des mots au delà de leur résonance. Après être venu les voir lors de l’exposition parisienne qui s’est tenue du 4 avril au 4 mai 2019, Julien a pris le temps d’écrire sur ce que mes toiles lui ont inspiré.Un grand merci pour ces lignes, Julien. Tu les as comprises. 🙂

“Quelques mots au sujet de l’exposition à Paris des œuvres picturales d’une amie parisienne, Olympe EL Shoura. L’exposition, “Retour à l’univers” s’est déroulée du 4 avril au 4 mai 2019 à la souris verte, bar-restaurant situé à Montmartre. Je ne peux que vous recommander de vous perdre (ou de vous retrouver) sur le site web d’Olympe dont je partagerai le lien en fin de post. Parce que les vrais artistes sont aussi rares que précieux…
“J’ai découvert la peinture d’Olympe El Shoura à l’occasion d’une exposition qui s’est tenue du 4 avril au 4 mai 2019 à la Souris Verte, bar-restaurant parisien bien connu des montmartrois. « Retour à l’univers » tel en était le titre qui m’a aussitôt frappé par sa clarté toute sidérale mais aussi par son aspect résolument énigmatique. A lui seul, il résume ce qui forme peut-être le geste et la quête d’Olympe tels qu’ils me sont apparus au cours de ma propre traversée : comme nés peut-être tous deux de ce désir impossible de revenir à un temps d’avant le temps, à un monde d’avant le monde qui sont ceux de cette origine primordiale à laquelle nous avons été tous arrachés. Tout mouvement de retour suppose peut-être en effet cette prime déchirure, cette béance et cette blessure cosmique qui nourrissent le désir d’une reconquête ou tout au moins, d’un retour à un état primordial voire à cet Éden perdu dont nous portons tous plus ou moins vivement le souvenir. Ce « retour à l’univers » dans tous les cas interroge au plus haut point car la question pour beaucoup serait plutôt celle-ci : comment pourrions-nous faire retour vers ce que nous n’avons jamais quitté ou perdu, ou vers ce que nous croyons de plein-droit habiter depuis toujours ? La peinture d’Olympe est là pour nous aider à sortir de cet état de questionnement ou de nos fausses certitudes.
Ce qui frappe d’emblée, c’est la nature des visages et des êtres figurés qui nous semblent à la fois terriblement familiers et singulièrement étranges. Comme jaillis du fond perdu des âges ou des tréfonds de l’inconscient collectif, ils semblent tout connaître de notre monde sans pourtant n’y avoir jamais vécu. Sont-ce des êtres venus d’ailleurs, d’anciens atlantes dont l’aspect (ainsi ressuscité) avait été oublié, d’anciens dieux ou d’anciens hommes ? A moins qu’il ne s’agisse des hommes de demain ? Tels des voyageurs de la mémoire et du temps, ils nous parlent pourtant singulièrement de notre présent. Au moins ne sont-ils pas étrangers au mystère de l’amour ou à ceux de la sexualité et de l’enfantement. A bien y regarder, ils disent comme à demi-mot le désir d’abandon ou même de fusion et ils chantent sans se cacher l’appel supérieur du feu. Difficile d’ignorer qu’au-delà de leur aspect sans doute inquiétant, in-humain à n’en point douter, chacun semble incarner un de ces archétypes universels dont Jung, en explorant l’inconscient collectif qui est l’autre nom du cosmos, a sondé la signification. On y rencontre ainsi le père et la mère cosmiques qui donnent, stabilisent et ancrent la vie terrestre, l’amant et l’amante sacrés qui s’observent comme s’il se retrouvaient après des milliards d’années d’errance et de séparation, le fils qui apparaît comme le réceptacle du feu de l’esprit venu d’en haut et la fille, celle qui se nourrit de celui tout matériel venu d’en bas. Tout un langage symbolique en somme qu’il appartient au spectateur de décrypter.
Mais tout ne se réduit pas au symbole chez Olympe El Shoura. Il y en effet tout un travail de déposition des formes apolliniennes et harmonieuses au profit de l’organe et du cri organique, du corps et de ses troublantes viscères. Mais ce travail n’est pas pour autant reniement ou renoncement au beau ou à la sereine expressivité. L’infraliminal semble parfois en effet s’exposer au dehors et la limite entre intérieur et extérieur, surface et profondeur s’en trouve alors tout bonnement abolie. Le tracé semble se défaire et les formes se déconstruire, mais c’est toujours pour mieux faire renaître un ordre secret et impérieux. Ainsi, la diversité chromatique et le subtil jeu sur les contrastes traduisent cet élan paradoxal et ce retour à un ordre qui est tout bonnement celui de l’univers lui-même. Car en définitive, même s’il paraît impossible d’épuiser la richesse de la peinture d’Olympe, une question est là qui en surgit et qui demeure comme suspendue dans l’espace invisible que trace chacune des toiles : n’est-il pas temps en effet d’apprendre à voir le monde et d’en sonder toute la dimension invisible au-delà de ce que notre regard limité en perçoit communément?”
J.M
Pour plus de poésie, vous pouvez le retrouver ici : Julien Miavril
“Sous ses angles il devient, le tiret qui rassemble
Le temple de mes bras, le murmure qui harangue…”
Ces mots à vif, par Virgile Carlsson ( août 2019)
